Un jour l'ancien immeuble de Publicis brula et dut être détruit entièrement. Le fondateur, Marcel Bleustein-Blanchet, après avoir envisagé quelques hypothèses de reconstruction à l'identique, se rendit rapidement compte que l'Administration qui a la mémoire longue, voulait revenir sur les densités qu'elle avait accordées inconsidérément à l'ancien immeuble : il risquait d'être spolié après avoir été victime d'un des plus graves incendies parisiens d'après guerre !
Il compris alors qu'il devait faire le choix d'une architecture résolument moderne tout en confiant le projet à un architecte de carrure capable de résister aux bureaux. L'ennui, c'est que personne ne voulait d'architecture moderne à cet endroit. Les associations étaient toutes griffes dehors. A chaque esquisse, mille observations étaient faites pour dénaturer le projet.
Pierre Dufau se battit pour une architecture sobre, sans fioritures ni geste architectural spêctaculaire, mais sans compromission, imposant jardins suspendus, glaces réfléchissantes, marbres. Il réussit si bien que le bureau de Bleustein Blanchet fut bientôt considéré comme un des plus agréables de la place, que les cocktails de Publicis sur les terasses furent courrus du tout Paris. Publicis réussit grâce à la pugnacité de Pierre Dufau à récupérer l'ensemble de ses mètres carrés. Après quelques mois toutes les polémiques sur l'architecture du bâtiment cessèrent.
Une partie ne fut pas très réussie, qui n'avait pas été confiée à Pierre Dufau : la zone commerciale avec sa liaison sur le trottoir. Pour relancer le restaurant et les boutiques la direction de Publicis se lança début 2000 dans la réfection de cette partie mais cru devoir de surcroit habiller les façades de superstructures clinquantes et parfaitement ridicules, l'artiste choisie se répandant à l'occasion en maints propos déplaisants sur le confrère dont elle abîmait l'oeuvre.
Dommage !