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Pas de photo Aménagement du territoire et esprit d'architecture
Petite brochure manifeste éditée par l'OTAB à la fin des années soixante et précisant les conceptions  de Pierre Dufau en matière d'urbanisme.

L'ouvrage dénonce diverses lacunes de l'aménagement du territoire et prècise les conceptions de l'auteur en matière d'urbanisme.  

L'auteur est frappé par l'inadaptation des politiques de logement qui imposent aux jeunes couples d'accèder à la propriété et de s'endetter sur une très longue période, alors que les exigences de carrière exigent à cet âge  la mobilité et que les conditions de revenu leur imposent de se loger loin et souvent dans des endroits sans joie ni vie sociale. La fuite en voiture vers les lieux de  vacances devient alors le seul moment de "vraie vie", le reste du temps étant vécu comme frustration et contraintes.  Quarante ans après les observateurs constateront que  rien n'a changé  et que le phénomène s'est plutôt aggravé: on emprunte sur des dizaines d'années dès sa majorité ; on refuse la mobilité ; on aime les temps libres. C'est une des explications de la stagnation française. 

On notera cette phrase prémonitoire : " Il est à craindre que Paris ne guérisse jamais de son problème de circulation  sinon au prix de mesures si draconiennes  qu'elles seront aussi grazves que le mal".  Et cette autre qui vaut pour de nombreuses villes dont Paris: "Ce qu'on abandonne pourrit sur place.  Prévoir de très loin mais adapter ce qui existe sans rien détruire de vivant".

Pierre Dufau donne  aussi sa définition de l'urbanisme : "L'Urbanisme défend l'intégrité  physique et psychique des hommes  et tend à créer les conditions nécessaires (et d'ailleurs non suffisantes) de leur bien être, sans se mêler de leur bohneur". Propos d'un sage.




La France d'aujourd'hui
la profession d’architecte éd. Hatier, 1958-1964-1968
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Pas de photo Non à l'uburbanisme
éd. Flammarion, 1964 (coll. "Le Meilleur des Mondes")

Le livre, sans doute le meilleur de Pierre Dufau, devait initialement s'appeler : pour un urbanisme sans abus ni UBU. Le titre retenu par le directeur de la collection est amusant mais a pu prêter à confusion beaucoup lisant : non à l'urbanisme, ce qui est un contresens.  Les encarts dans les journaux précisaient : oui à un urbanisme libérateur.  C'est bien là tout l'objet du livre : libérer la création architecturale de la chape de plomb des règlements, des attitudes administratives et des éructations des comités Théodule.

La critique du Monde résume bien les choses : "Voici un livre vivifiant quant au ton et désolant quant au sujet".  Pierre Dufau aimait l'ironie mordante et la formule amusante mais il y a quelque chose de désespéré dans l'étalage des incroyables dysfonctionnements qu'il décrit. Ce que résume assez bien le Canard Enchaîné  du 16 décembre 1964 : "un livre scandaleux dans toute la force joyeuse du terme. M. Dufau est architecte. Il nous parle donc de son métier, j'entends son vrai métier, qui consiste à empêcher les gens de l'empêcher de bâtir".

Au delà de la verve qui fait de sa lecture un régal d'humour, le livre apportera au lecteur contemporain une explication de la stagnation architecturale  déplorable qui a frappé la France dans les quarante dernières années, alors même que l'opinion publique commence à s'étonner de la passivité française en comparaison du dynamisme des grandes villes du monde, de Londres à Shangaï et de  Berlin à Dubaï, pendant la même période.




Pas de photo Paris et la province
La Table Ronde - Juin 1968 -

Pierre Dufau rédige l'article : L'urbanisation et le sens commun.  Il montre comment les conceptions du moment mènent à une impasse, notamment à Paris. Décentralisation forcée des emplois, primauté à la voiture, parcage en banlieue des classes populaires et ...des étudiants.  Il dénonce les concepts qui président à la création de villes nouvelles "standard" alors qu'elles devraient être toutes spécifiques pour tenir compte du terrain, des villes environnantes et...du passé.  Il met en cause les grands ensembles créés loin des emplois. 

Adepte de la mixité et ennemi des zonages,  il veut les enfants près des parents, les ouvriers près des patrons,  les emplois près des logements et récuse les visions bureaucratiques où l'Etat Moloch fait tout mais sans programme ni vision en créant mille problèmes au prétexte de l'urgence. 

Un texte visionnaire.  




Pas de photo Pour ou contre la démolition de Paris

Berger-Levrault - Collection pour ou contre - 1er trimestre 1967

Pierre Dufau : Pour ; Alpert Laprade : Contre.


La collection "pour ou contre" avait pour but de stimuler la réflexion en portant les débats aux limites de l'outrance pour permettre aux idées de pleinement s'exprimer sur des sujets chauds de l'actualité nationale. le choix du thème montre bien à quel point s'exaspérait à cette époque la querelle des anciens et des modernes sur la modernisation de Paris. En fait Paris était en train de glisser dans ce qui apparaîtra plus tard comme un immobilisme absolu et coupable.

Derrière les artifices d'une présentation volontairement polémique, les deux auteurs en arrivent aux mêmes conclusions : il faut conserver ce qui le mérite et qui ne l'est toujours pas, mais une construction de qualité doit rester possible.

Ces conclusions restent toujours valables : la stagnation architecturale qui a sévi pendant près de trente ans à Paris à quelques rares exceptions près n'a pas empêché des destructions absurdes. Car on ne peut pas tout conserver et il faut être sélectif dans ce domaine. Car on ne peut pas bloquer indéfiniment une ville en n'acceptant que les édifices médiocres, faussement consensuels et qui ne font pas de vagues.

L'explosion de la construction moderne à Londres, Shangaï, Dubaï, Tokyo, Berlin, New-York, Chicago, pendant ces mêmes quarante ans souligne le désastre pour Paris qu'aura été la sinistre  stagnation dénoncée à l'avance par Pierre Dufau.

 




Pas de photo Programme et prospective dans la construction
L'adminsitration Nouvelle - Berger Levrault  - 5 juillet 1969

Ecrit avec Y. Cazaux.

 

Le livre est destiné aux décideurs de la sphère publique. L'architecture et l'urbanisme sont des disciplines totalement ignorées dans le cursus de formation des hauts fonctionnaires français. Sans vouloir apporter cette culture architecturale manquante, l'ouvrage passe en revue toutes les dimensions de la décision en matière de construction publique et en particulier la nécessité de réaliser préalablement à toute construction un véritable programme. L'absence de programme sérieux a souvent été dénoncé par Pierre Dufau, car il laisse le professionnel dans le flou sur les intentions du maître d'ouvrage, conduit à des fluctuations coûteuses au cours de l'élaboration du projet et peut conduire à une déception à la livraison de l'ouvrage. Un programme trop contraignant et s'enfonçant dans des détails oiseux est aussi à proscrire. 

 

"Un programme est la corde de l'alpinisme qui l'empâche de glisser mais pas une chaîne qui l'empêche de se mouvoir".

 

 




Pas de photo Un architecte qui voulait être architecte
Mémoires éditées posthumes par Londreys, 1989

Pierre Dufau a écrit ce livre au soir de sa vie. Il n'a pas pu le terminer, terrassé par une crise cardiaque alors qu'il ne restait que quelques chapitres à mettre en forme définitive. Hélène Dufau son épouse, journaliste et écrivain de formation, achèvera l'ouvrage à partir des nombreuses notes laissées par Pierre Dufau.

D'une extrême modestie et peu porté à l'exaltation de lui même, bien que son agence ait été pendant près de trente ans, la plus importante de France, il ne faut pas craindre de Pierre Dufau des mémoires narcissiques visant à sa gloire personnelle. Il les a voulu comme un témoignage et il a eu la courtoisie habituelle chez lui de témoigner sous forme d'anecdotes toujours amusantes, parfois ironiques, qui entraînent le lecteur à travers trente ans d'une vie professionnelle intense et combattive confrontée aux grands vents de l'histoire.